Parce qu’il est unique, mon projet était difficile à décrire
La trentaine sportive, la mise décontractée mais soignée, Xavier sourit volontiers à ses interlocuteurs, clients ou pas. Ancien attaché commercial dans un grand groupe, il se souvient pourtant d’une période moins favorable.
C’était en juillet 2013, alors qu’il venait de perdre son emploi. « J’ai mal vécu la situation », confie-t-il. D’autant que sa compagne était enceinte de leur premier enfant. Le doute, le chômage, les fins de mois difficiles : même pour ce battant dans l’âme, le coup fut rude. Persuadé qu’à toute chose malheur est bon, il a estimé que le moment était venu de « créer une affaire », de voler de ses propres ailes. L’idée avait germé dans son esprit dix ans auparavant, alors qu’il était passé devant une laverie en libre-service. « J’avais été frappé par le gâchis de temps pour les gens qui attendent la fin d’un programme de lavage. » Son idée ? Transformer cette corvée en moment de détente, de convivialité, voire de travail.
Novembre 2014 : obtient le soutien de la Fondation de la 2ème chance pour créer une « laverie gourmande ».
Il tient un concept. Encore lui faut-il de l’aide pour le concrétiser. Il frappe à toutes les portes. La Caisse solidaire, un établissement de crédit lui consent un prêt cautionné par ses parents. « Toutes les aides étaient nécessaires, mais aucune n’était suffisante. » La rencontre avec des représentants de la Fondation de la 2ème chance, dans le courant de 2014, pouvait contribuer à faire éclore le projet.
J’ai été écouté. Mon concept n’était pourtant pas facile à décrire, car il est unique en son genre.
Lauréat de la Fondation, Xavier dirige aujourd’hui Wash & Co, dans un quartier populaire de Lille. Sa « laverie gourmande », comme il l’a appelée, a ouvert en décembre 2014 : un espace où le client peut prendre une collation, regarder la télé, se détendre dans un confortable fauteuil un livre à la main ou installer son ordinateur portable sur une table pour faire du moment passé à laver son linge une pause utile. Suivi pendant deux ans par son parrain de la Fondation, Xavier a particulièrement apprécié qu’on ne lui ait pas « tenu la main », et qu’on lui ait plutôt « fait confiance ». Chacun, à l’évidence, a quelque motif de s’en réjouir.